jeudi 3 juillet 2014

The Botanical Garden of King Abdullah bin Abdulaziz al-Saud of Saudi Arabia. الحديقة النباتية الملك عبدالله بن عبدالعزيز آل سعود من المملكة العربية السعودية. مقابلة مع نيك حلو، مهندس معماري في يلمور بارتون، بستاني الشعري صاحبة الجلالة.

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Le Jardin Botanique du Roi Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud d'Arabie Saoudite. 

Une interview de Nick Sweet, architecte chez Barton Willmore , jardinier poétique de Sa Majesté.
C'est un jour de grève à Londres, le métro ne roule pas, chacun reste chez soi, l'architecte Nick Sweet accueille mes questions en toute simplicité, depuis chez lui. Nous avons abordé autant les questions techniques (voir dans l'article associé) que celles, plus personnelles, du vécu et l'expérience humaine particulière d'être responsable d'un projet pharaonique : le King Abdallah International Garden ou K.A.I.G. le Jardin Botanique International du Roi Abdallah d'Arabie Saoudite.


Répondre à la demande de la ville capitale Riyad, était un défi majeur pour plusieurs raisons pour l'équipe d'architectes paysagistes du groupe anglais Barton Willmore.

Concevoir un jardin botanique dans l'un des environnements les plus chauds, arides et austères de la planète est une gageure ; de plus, dans un contexte culturel traditionaliste, qui , dans certains milieux considère que la vie n'a commencé qu'il y 3500 ans, ce projet prenait une dimension très particulière. Des contraintes énormes mais un soutien sans faille de la part du commanditaire, le gouverneur de Ryad Prince Turki « une personne très intéressante qui promeut des changements doux dans une culture « old fashion » à l'ancienne, extrémiste dans certains groupes ». 
Car le KAIG est un cadeau de son frère pour l'intronisation du Roi. Or, non seulement le défi est relevé, mais au-delà de toute espérance, il devient aussi un outil pédagogique, durable, écologique et l'une des réalisations qui marquera l'histoire de l’architecture paysagiste.

Nous voulons savoir, Fabienne et moi d'où viennent votre inspiration, vos idées ?
Nick Sweet de Barton Wilmore
Nick m'entraîne dans un zoom avant, du quidam aux contingences techniques pour me confier, finalement, son expérience intime et spirituelle lors de ce projet très particulier.
Pour l'architecte, « les idées grandissent, elles sont organiques (...) Tout le monde a des idées tout le temps. La question est : qu'est-ce que vous faites avec votre idée ? Est-elle bonne ou mauvaise ? C'est difficile parfois de juger. Plus je vieillis et plus je perds ma peur de prendre de mauvaises décisions (...)  L'inspiration est une sorte de confiance en soi, en votre capacité de répondre aux défis auxquels vous êtes confronté ».
L'intuition s'affûte avec le temps...

Nick s'inspire de la nature, du climat et de sa connaissance de la culture arabe (Nick a commencé à travailler dans la région il y a 33 ans sur le Towaiq palace avec l'architecte allemand Frei Otto), pour mener l'équipe de designers à imaginer ce jardin comme un organisme vivant, pour l'adapter et qu'il puisse survivre en milieu hostile.
« Il est particulièrement difficile de penser un jardin botanique dans une région où les températures d'été varient entre 40 et 45°, où seules 20 à 22 types de plantes peuvent survivre ».
et où la pluie ne tombe que 6 mois dans l'année...

Le concept 
 
A la base de l'idée originale : ...les rochers environnants ! Le KAIG retrace comme eux l'évolution de la région,  "dans un environnement fermé, contrôlé appelé Biome (...)Ces rochers sont disposés en couches de sédimentation qui gardent la trace des eaux d'il y a plusieurs millions d'années, elles contiennent des fossiles et des formes de vie disparues. Cela révèle la succession de différents types de climats, retraçant une longue évolution au travers du temps. Vous réalisez qu'il y a 30, 40 millions d'années, l'Arabie Saoudite était 300 km plus au sud à cause des mouvements des continents et que le climat était complètement différent. Il y avait des forêts, des rivières et de l'eau qui la traversaient. C'était intéressant, et nous donnait beaucoup plus de flexibilité sur ce que nous pourrions valoriser. Nous avons pensé à un jardin « paléo botanique ».

Le KAIG met en scène la nature locale depuis les origines de la vie au travers des différents âges géologiques jusqu'aux hypothèses du futur dans « le Jardin des Choix » où l'on peut visualiser ce que serait l'avenir selon nos options aujourd'hui...édifiant et pédagogique !

La technique
La climatisation solaire, la gestion durable de l'eau dans le désert, là où 5 mois dans l'année passent sans que tombe une goutte de pluie...La performance technique est avant-gardiste (voire article technique sur le blog ou le site WB international http://www.kaig.net/04_TheGardens/4A_01.asp), 
 
La forme
Deux croissants de lune enchâssés l'un dans l'autre, en plus d'être pratique pour échelonner la construction en plusieurs étapes, cela a de multiples significations. 
 
« C'est la partie spirituelle », Nick sait que « les peuples arabes aiment le symbolisme, et une géométrie précise qui leur est confortable»..

La lune est centrale dans la religion musulmane, sans que cela soit trop évident dans le dessin vu du sol.
Deux croissants de lune, symbole musulman mais aussi poétique
Mais il y a aussi, « la face cachée », Nick Sweet, futur papa à l'époque de la conception du projet a été marqué par l'image de l'échographie de ses jumeaux dans le ventre de son épouse. 


« Ma fille Francesca était comme enroulée autour de son frère, une sorte de Yin et Yang qui donne une signification souterraine à cette image de deux formes qui s'encastrent, c'était joli pour moi de penser à cela ».

 Féminin/masculin, poétique, plein d'amour et de vie. Quelles augures !
Comment ne pas penser aux générations futures ?

Ce fut très particulier pour Nick, il me confie avoir senti :
« Un moment dans ma carrière, ma vie, où toutes les planètes arrivent à une sorte d'alignement, c'est bizarre à dire, quelque chose de spécial, comme sentir que c'est « votre destinée ». Le projet devient comme votre enfant, que vous avez besoin de faire mûrir. Car il y a quelque chose de spirituel, de très différent que de construire un hôtel ou une maison, cela enrichit vos capacités créatives, vous pousse à vous dépasser ».

La Jardin Botanique International du Roi Abdullah est résolument inscrit dans la volonté de faire durablement briller notre joyau bleu dans le cosmos.
Briller ne veut pas forcément dire brûler la chandelle par les deux bouts. Car s'il est une nation qui pourrait tomber dans le piège de la consommation facile d'énergies polluantes, l'Arabie Saoudite peut s’enorgueillir avec ce Jardin d'une réalisation qui allie sagesse, créativité, tradition et culture écologiques soutenables et durables. Une oasis en somme.
Le nom de la ville de Ryad dérive du pluriel de rawdhah : jardin en arabe روضة . Révélateur ! 


Ce jardin a été pensé comme un arbre
bien enraciné dans la terre ancestrale des vergers.
Solide dans son tronc,
du haut de sa 
ramure vivante 
nous pouvons 
porter un regard 
vers le ciel infini
ou nous protéger 
aujourd'hui 
sous son ombre 
clémente 
et imaginer sereinement demain avec nos enfants.


https://www.youtube.com/watch?v=tO2GrvDNV5g

 

An interview with Nick Sweet, architect at Barton Willmore, poetic gardener of His Majesty.



It is a day of strike in London, the subway does not run, everyone stays home, architect Nick Sweet welcomes my questions with ease, from home. We talk about all the technical issues as the more personal, relating experiences and particular human experience of being responsible for a pharaonic project : the King Abdullah International Garden of Saudi Arabia or KAIG.

Meet the demand of the capital city Riyadh, was a major challenge for many reasons for the team of landscape architects from the Barton Willmore English group.

Design a botanical garden in one of the hottest, dry and austere environments on the planet is a challenge. Moreover, in a traditionalist cultural context, which in some circles consider that life did not begin there 3500 years, this project took a very special dimension. Enormous constraints but unwavering support from the sponsor,
the Governor of Riyadh Prince Turki, son of the King  "a very interesting person who promotes smooth shifting in a" old fashion "culture."
Because KAIG is a gift from his brother for the enthronement of the King Adhullah. However, not only the challenge is met, but beyond all hope, it also becomes an ecological, educational, durable tool, and one of the achievements that mark the history of landscape architecture.

We want to know, Fabienne and I from where come your inspiration, your ideas?

Nick leads me to zoom in, from the chap to technical contingencies to entrust me, finally, intimate and spiritual experience in this very special project.

For the architect, "ideas grow, they are organic (...) Everyone has ideas all the time. The question is: what do you do with your idea? Is it good or bad? It is sometimes difficult to judge. The older I get the more I lose my fear of making bad decisions (...) The inspiration is a kind of confidence in your ability to meet the challenges you face. "

The intuition sharpens with time ...

Nick is inspired by nature, climate and knowledge of the Arab culture (he began working in the area 33 years ago in the Towaiq Palace with the German architect Frei Otto), to lead the team designers and imagine the garden as a living organism, for it can adapt and survive in a hostile environment.

"It is particularly difficult to think a botanical garden in a region where summer temperatures vary between 40 ° and 45 °, where only 20 to 22 types of plants can survive."
And where rain fall 6 months per year.

The concept

At the base of the original idea ... the surrounding rocks! The KAIG retraces like them the change of the region, "in a closed environment, called controlled Biome (...) These rocks are arranged in layers of sediment that keep track of waters there are several million years, they contain fossils and extinct forms of life. This reveals the succession of different types of climates, tracing a long evolution through time. You realize that there are 30, 40 million years, Saudi Arabia was 300 km further south because of the movements of the continents and the atmosphere was completely different. There were forests, rivers and water passing through. It was interesting, and gave us much more flexibility. We thought to a "paleo botanic " garden".

The KAIG show the local nature since the origins of life through different geological ages to the assumptions of the future in "the Garden of Choice" where you can see what would be the future according to our options today... uplifting and educational!
Technical

Solar cooling
, sustainable management of water in the desert, where five months in the year go by without a drop of rain falls ... The technical performance is avant-garde (see technical article on the blog or WB http://www.kaig.net/04_TheGardens/4A_01.asp international website)

The form
 

Two crescent moon one embedded in the other, in addition to being convenient to scale multistage construction, it has multiple meanings.

"This is the spiritual part," Nick knows that "the Arab peoples like the symbolism, and precise geometry they feel comfortable with" ...

The moon is central to the Muslim religion, without it being too obvious in the drawing seen from the ground.

Two crescent moons : Muslim symbol but also poetic
But there are also a "hidden face", Nick Sweet, future dad at the time of the design of the project was marked by the echography of his twins in the womb of his wife.

"My daughter Francesca was like wrapped around her brother, a kind of Yin and Yang which gives meaning to an underground image of two forms that fit, it was nice for me to think about that."

Masculine / feminine, poetic, full of love and life. What omens!
How not to think about future generations?
Nick Sweet


It was very special for Nick, he told me to have felt:
"A moment in my career, my life, where all the planets come to some sort of alignment, it's weird to say something special, like to feel that it is" your destiny ". The project becomes like your child, you need to mature. For there is something spiritual, very different than building a hotel or a house, it enriches your creative abilities, pushes you to your limits. "

The Botanical Garden of the King Abdullah International is firmly part of the desire to make make shine our blue jewel in the cosmos.
Shine does not necessarily mean burning the candle at both ends.

"The project is a Gift from a City to its King, from The King to his Nation and from the Nation to Mankind".

If there is one nation that could fall into the trap of easy to consume polluting energy, Saudi Arabia can be proud to have a garden that combines wisdom, creativity, tradition and sustainability in an ecological realization.
An oasis of the XXI century in the sum.
The name of the city of Riyadh drift from the plural rawdhah: garden in Arabic
روضة. Revealer !



This garden has been designed as a tree 
rooted in the ancestral land of orchards
Solid in its trunk
from the top of his
living branches
we can
take a look
to the infinite sky
or protect us
today
Under his clement
shadow
and imagine calmly tomorrow with our children